Varamo de César Aira
Editions Christian Bourgeois 2005 ( 1989)
Roman
132 pages
Traduit de l'argentin par Michel Lafon
Originale histoire qui se construit sur un enchainement d'événements comme un effet domino. Au démarrage le personnage principal se voit payer son salaire par de la fausse monnaie. Il n'ose rien dire mais cet incident le tracasse et aura une répercussion de cause à effet pour le conduire finalement à écrire un poème considéré comme une oeuvre d'Amérique latine et encore étudié, lui qui n'a jamais écris quoi que ce soit.
Varamo est un employé du Ministère, sa vie semble bien banale. Il occupe son temps libre en embaumant des animaux et le soir se rend au café rencontrer des connaissances. On le suit donc dans ces réflexions pendant qu'il semble errer dans un environnement de faux semblants. Rien n'est vraiment expliqué en totalité ce qui fait du roman une lecture assez particulière. L'histoire m'a semblé se tenir entre illusion et réalité par les situations qui s'enchaînent, liées parfois de façon très ténue, l'une pouvant expliquée une autre ou apporter une réponse pas forcément recherché par Varamo.
Pas facile d'expliquer une telle lecture. Je ne suis même pas certaine qu'en en disant plus sur le déroulement de l'histoire puisque apporter un éclairage.
A lire pour une lecture originale qui sans en avoir l'air possède une certaine touche d'humour avec pourtant un personnage qui n'a pas semblé sourire une seule fois.
Extrait :
"Quand il se retrouva seul et reprit son chemin, il se demanda pourquoi il ne pouvait pas utiliser la main droite, ni en réalité toute la moitié supérieure droite de son corps. Il essaya de se concentrer, ou de se déconcentrer...Et il se rendit compte qu'il était réellement distrait. En effet, il avait gardé dans sa main droite, entre le pouce et l'index, le petit cube rouge. Il le portait à hauteur de son visage, le coude fléchi. La chaleur avait fait fondre une bonne partie du cube, dont les arêtes avaient disparu, et le jus sucré avait coulé sur sa main puis sous les manches de sa chemise et de sa veste, en filaments poisseux le long de son avant-bras. Il chercha en hâge un endroit où le jeter, mais sur la place, comme il l'avait souvent remarqué, il n'y avait pas de poubelles. Encore un manquement de l'autorité, qui l'obligeait à se remplir les poches de papiers inutiles. Pour le bonbon, cette solution était évidemment exclue, car elle aurait causé des dégâts irréparables. Il s'approcha d'un des carrés de verdure, dans l'intention de le jeter dans l'herbe, où personne n'irait marcher. Mais une meilleure solution se présenta : comme il se trouvait juste à côté d'un arbuste assez haut, il piqua le petit cube à la pointe d'une branche."