Je ne suis pas tombée dans la marmite de la lecture petite, j'ai tout fait pour l'éviter. J'ai bien lu les grands classique Club des Cinq, Fantomette, Lucky Luke, Astérix et surtout Caroline. Mais pas de quoi devenir une lectrice ravageuse. Ca m'a pris beaucoup plus tard et je me souviens encore de ce plaisir et de ce déclic. Depuis, la découverte des blogs et blogeurs(ses) mes lectures ont évoluées et le plaisir de partager n'est pas pour me déplaire. La bande dessinée est restée un intemporel pour moi. Sinon j'ai mes périodes romans, classiques, voyages, lectures françaises ou étrangères et c'est selon le moment et l'inspiration. Quelques billets sur des sorties viennent de temps en temps alimenter le blog. Ouvert depuis mars 2011 mon blog a quelques fois végété. C'est d'ailleurs le cas depuis fin 2015. Remotivée, je le relance et le dépoussière un peu. Pour commencer je ne suis plus Loo mais Milou et d'ici quelques temps je verrai pour la suite.
Balade dans un Paris promis à la démolition, aux promoteurs, et qui ne livre ses secrets qu'à ceux qui savent apprécier ses charmes séculaires, cet unique roman de Joseph Bialot, La main courante a donc été édité aux éditions Fleuve Noir en mars 1994.
Un incendie qui ravage un hôtel dans le faubourg Saint Antoine, ce ne pourrait être qu'un banal fait divers. Seulement la présence d'un truand égorgé retrouvé parmi les victimes fait tiquer le responsable des îlotiers du quartier. D'autant que le propriétaire de cet immeuble dortoir pour immigrés, décédé lui aussi tel une Jeanne d'Arc auvergnate, aurait revendu le bien à un promoteur.
Mais les deux îlotiers, compléments indispensables du commissariat et de la Crim, les Starsky et Hutch de Reuilly, un néo Français issu de Portugais et un Martiniquais fils de sorcier manipulateur de fonds et de paysanne beauceronne, sont aux premières loges de cette enquête et ne pensent qu'à alpaguer le coupable pour l'embastiller.
Les cadavres se reproduisent incongrument, les faux billets de cinq cents francs fleurissent sur le bitume, la petite amie de l'îlotier franco-portugais est retrouvée dans le coma et une petite vieille, tout en déplorant le manque d'ardeur de son défunt mari, vitupère contre un fantôme bruyant squattant son pavillon. Les tours de passe-passe entre immeubles mènent nos enquêteurs dans des impasses tandis qu'un loufiat jongle avec les faux papiers et un vrai bulletin de décès: le sien. Un ébéniste historien se contente d'étaler sa culture et l'on se demande lequel de ces personnages est le plus vernis.
Joseph Bialot raconte une de ces histoires dont il a le secret, puisant dans la nostalgie des vieux quartiers parisiens, imprégnant son récit d'une forte dose d'humour. Un livre à trois voix, les deux îlotiers prenant tour à tour la parole et s'immisçant dans ce duo, Diogène, un septuagénaire qui vit dans des containers à ordures, non par nécessité mais parce qu'il y retrouve la liberté et la solitude dont il est privé chez lui, et qui recherche désespérément Rommel, son chien mystérieusement disparu.
Cet ouvrage est une ode à la capitale, mais surtout à ces quartiers, petits villages dans la mégapole, dont les habitants se trouvent déboussolés lorsqu'ils en franchissent les frontières définies par des arrondissements arbitraires. On ne peut s'empêcher de penser à Léo Malet, chantre de ce Paris méconnu et qui désabusé ne mena pas jusqu'au bout son incursion parmi les mystères de Lutèce.
Joseph Bialot est décédé le 25 novembre dernier, et les éditions Rivages peuvent-elles rééditer ce roman qui le mérite ? La question est posée.