Le Café de l'Excelsior
De Philippe Claudel
Roman 1999
C'est avec les yeux de 8 ans que Philippe Claudel raconte les trois années qu'il a passées auprès de son grand-père Jules qui tenait un café. Des moments chaleureux qu'il raconte avec tendresse et nostalgie. Un grand-père protecteur et toujours bienveillant après le décès de ses parents.
Dans ce tout petit café y venait les habitués. Pas de beau monde mais surtout jamais de femme. L'alcool avait souvent raison des clients et aussi du patron. La conversation y était bien souvent la même mais il y avait toujours des paroles de réconfort pour celui qui en avait bien besoin. La description de ce café y montre un lieu plutôt miteux, rempli de vieilles reliques. Mais cet endroit le jeune garçon s'y sentait à l'abri et chez lui. Malheureusement considéré comme un lieu de perdition liquide, non approprié pour l'éducation d'un enfant, il lui faudra quitté son grand-père pour être livré à de bonnes familles. Cette séparation sera aussi mal vécue par le grand-père que par ce petit garçon qui en gardera un souvenir amer.
C'est un roman émouvant, pudique et joliment écrit.
"J'aurais donné tout ce que je ne possédais pas alors pour demeurer avec Grand-père, à entendre les propos codés des clients qui débattaient des saisons et du cours des rivières dans un langage fait de phrases qui jamais ne se terminaient, de regards embués, et de mains tremblantes aux doigts noueux.
Ces hommes qui se connaissaient depuis l'enfance, n'avaient plus guère besoin des mots pour se parler, ni pour se comprendre, et en se regardant les uns les autres, par-dessus les tapis de velours vert et les jeux de carte graisseux, c'est comme s'ils voyaient au fond d'eux-mêmes, dans une transparence que les langages, fussent-ils maniés par les plus habiles littérateurs, ne parviennent jamais à surfiler."