Accabadora de Michela Murgia
Editions Seuil
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Livre lu dans le cadre du challenge Il Viaggio organisé par Nathalie du blog Marck et Marcel
Un livre que j'ai emprunté à la bibliothèque un peu par hasard en recherchant une lecture pour le challenge de lecture italienne. J'en avez donc saisi un peu l'essentiel sans que tout soit révélé.
L'histoire se passe dans les années 50 en Sardaigne dont l'auteur est originaire. Il en ressort d'ailleurs dans le livre beaucoup de l'atmosphère de cette région ; les qu'en dira-t-on ?, la fierté et la réputation à entretenir de chaque famille, les conflits entretenus entre chacune d'elle, leur attachement à leur lopin de terre, leur relation avec la mort, les pleureuses. L'ambiance est parfois austère mais il se dégage aussi beaucoup d'humanité et les deux personnages principaux m'ont semblé apporter un trait d'union entre tradition et modernité.
Maria est une enfant née par erreur dans une famille peu aisée qui a déjà trois filles. Sa mère la laisse volontiers à Tzia Bonaria une veuve d'un certain âge, couturière de métier et connue des environs. Le statut de Maria est "fillus de anima" qui est l'appellation pour les enfants doublement engendrés de la pauvreté d'une femme et de la stérilité d'une autre.
Maria ne se plaint pas de son sort. Elle bénéficie auprès de Tzia de l'affection, d'une place à part entière, chose qu'elle n'avait pas connue dans sa propre famille qu'elle a l'occasion de retrouver de temps en temps, sans forcèment grand plaisir. Au début de l'adoption de Maria les médisances vont bon train pour s'atténuer au fur et à mesure. Une complicité naît entre Tzia et sa fille adoptive et la vie suit son court au rythme des querelles du village, des mariages, des amitiés, des amours, des morts.
Une chose pourtant intrigue Maria sans qu'elle arrive à en trouver la solution. Sa mère adoptive s'absente quelques fois la nuit pour revenir au petit matin. Et ceci sous une apparence mystérieuse.
Toute cette histoire est racontée avec beaucoup de délicatesse et sans aucun parti pris. Il y a d'une
part la situation de Maria qui semble convenir à tout le monde et où chacun y trouve son compte. La vie du village où finalement peu de choses s'y passe et où tout événement si petit soit-il
prend beaucoup d'importance. Et puis bien entendu ce mystérieux rôle de Tzia, d'où le titre du livre, que tout le monde connaît hormis Maria qui le découvrira un jour accidentellement. Les
familles font appelle à Tzia lorsque chez elles il n'y a plus rien à faire pour un mourant qui ne fait que souffrir. Cependant, Tzia est très sérieuse sur le sujet, rejetant les demandes qui
semblent plutôt vouloir faire accélérer les choses plutôt que de les arranger.
Maria aura comme réaction celle de rejeter cette façon d'agir. Elle choisira d'ailleurs de fuir pour revenir finalement auprès de sa mère adoptive lorsque cette dernière est elle-même mourante.
J'ai apprécié cette façon très subtile et apportant à peu près toutes sortes de situations
différentes sans forcement donner ou demander une réponse nette sur un sujet aussi délicat.