Les marins perdus – Jean-Claude Izzo
Editeur : J’ai lu
311 Pages
Roman drame
Jean-Claude Izzo
Né à Marseille en 1945, il disparaît en 2000. Auteur de romans policiers, dont la
célèbre trilogie Total Khéops, Chourmo et Soléa, dans lesquels sa ville natale est un personnage à part entière, Jean-Claude Izzo était aussi poète. Les éditions J’ai lu ont également publié son
roman Le soleil des mourants.
Pour en connaître un peu plus sur Jean-Claude Izzo voici son site : par
ici
Un cargo accoste à Marseille et n’en bouge plus, abandonné par son armateur. L’équipage composé de
marins venus des quatre coins de la terre quitte le navire et tente de retrouver un emploi ou retourne au pays.
Seuls deux marins font le choix de rester. Abdul Aziz le capitaine et Diamantis son second. Commence
alors pour eux une mise au point sur leur vie, celle de marin, d’homme, d’amant. Ils se dévoilent un peu, se font quelques confidences mais restent tout de même très pudiques.
Ils seront alors rejoints par Nedim, un marin qu’une mésaventure a obligé de revenir trouver refuge
sur le bateau.
L’histoire se raconte entre présent et passé avec de longs passages comme pour marquer la solitude de
ces trois marins.
Leur point commun est la mer où chacun y a trouvé une raison de vivre au prix de sacrifier tout le
reste et même les personnes qu’ils aiment. Ils perdent leurs repères sur terre.
« Il lui était impossible de se dire « je vais rentrer et attendre ». C’était ça être navigateur.
Attendre n’existait pas. Seul partir avait un sens. Partir, revenir. Même ceux qui avaient une famille raisonnaient ainsi. Ou presque. »
Chacun est donc confronté à sa propre réalité que la terre semble leur imposer et chacun
cherche son propre chemin par ses réflexions mais aussi auprès d’autres personnages qu’ils rencontrent dans cette ville de Marseille où ils se sentent si familiers.
« Pourquoi lui avait-il fallu réciter Ritsos ? Qu’est-ce qui lui était passé par la tête, à cet
instant ? Il l’ignorait. On ignore toujours pourquoi, et comment, un souvenir vous remonte à la gorge. Ils sont là, c’est tout. Prêts à sauter sur l’occasion. Pour vous tirer vers des mondes
perdus. Les souvenirs, quels qu’ils soient, même les plus beaux ou les plus insignifiants, sont des instants de la vie qu’on a gâchés. Les témoins de nos actes inaboutis. Ils ne ressurgissent que
pour tenter de trouver un accomplissement. Ou un explication ».
Abdul Azziz est confronté au choix entre la vie de marin qui lui apporte toute l’essence de sa vie et
celle de mari avec la femme qu’il aime mais où il ne voit qu’une existence morne.
Diamantis part à la recherche de la femme qu’il a aimée il y a plus de vingt ans afin de lui
permettre de faire le point et retrouver un sens dans sa vie. Sa recherche est périlleuse et ne pourra aboutir qu’en payant le prix fort, pour lui mais aussi ses compagnons.
Nedim, jeune et fougueux cherche sa voix sans trop savoir s’y prendre. La mer est bien moins
importante pour lui que pour les deux autres.
Malgré un sujet quelque peu tragique les personnages de Jean-Claude Izzo blessés profondément par la
vie n’en sont pas pour autant anéantis. Jean-Claude Izzo apporte un témoignage de la vie de marins comme il en existe beaucoup. On y trouve dans ce roman, de la solidarité et de
l’humanisme.
Comme a son habitude ses descriptions de la ville de Marseille en font pour le lecteur une agréable
visite bien que l’ambiance y est parfois violente et noire.
Un roman pour lequel j’ai eu plaisir à lire.
***
Adaptation au cinéma en 2003 par Claire Devers avec :
Bernard Giraudeau (Diamentis), Marie Trintignant (Mariette), Audrey Tautou (Lalla),
Miki Manojlovic (Abdul Aziz), Sergio Peris Mencheta (Nedim), Norha Khouadra (Gay), Darry Cowl (Falco), Dakary Sangare (Ousbène)
Adaptation en BD en 2008, dessinateur : Clément Belin aux éditions Futuropolis.
Site officiel de Jean-Claude Izzo