Nos vies désaccordées de Gaëlle Josse
Editions autrement - 2012
142 pages
roman
Avec un personnage comme François Valier, pianiste de grande renommée j'ai tout d'abord ressenti une certaine distance avec ce personnage et son histoire. Alors qu'il parcourt le monde pour se produire en concert, il apprend par hasard que Sophie, la femme qu'il a tant aimé se trouve dans un hôpital psychiatrique depuis trois ans sans être arrivé à la retrouver. Il décide alors de tout abandonner, même la femme avec qui il vit pour retrouver Sophie.
Le portrait donné de cet homme n'est pas à son avantage seul son physique, son prestige et son succès auprès des femmes semble être ses seules qualités. Son côté égoïste et détaché l'ont mis à distance de beaucoup de choses et c'est avec beaucoup de remords qu'il cherche à reprendre contact avec Sophie. Cette dernière, repliée sur elle-même dans sa chambre d'hôpital écoute en boucle la musique de Shumann que François avait enregistré.
Ponctué de flash-back, de courts textes en italique à la fin de chaque chapitre l'histoire se déroule dans un univers musical. Gaëlle Josse fait d'ailleurs un parallèle avec la vie de Robert Shumann et sa femme Clara. François se remet en question en se rappelant sa vie passée et les raisons de sa séparation avec Sophie. Bien que cet homme ne me soit pas spécialement sympathique j'ai trouvé tout de même que trop de choses lui était donné en accusation. Certes, Sophie est une femme fragile, un passé douloureux mais les épreuves qu'ils ont eu à subir ne peuvent être entièrement de sa faute à lui.
Plus qu'un intérêt pour les personnages eux-même j'ai aimé comment Gaëlle Josse a su transcrire toute la sensibilité de leur relation mise à mal. Les mots semblent choisis pour un joli texte à lire. Seuls les passages en italique ne m'ont pas vraiment parlé mais je reconnais volontiers un manque de sensibilité de ma part quelques fois.
Extrait :
"Donner un récital, c'est aller chercher chacun, sur chaque note, au fond de son fauteuil. Sinon, à quoi bon tout ce cérémonial compassé ?"
"Dire que la vie avec Sophie fut facile serait excessif. Elle fut parfois d'une simplicité déroutante. Un cristal aveuglant. Nous étions accordés au quart ou au huitième de ton, peut-être même au ultrasons, comme les dauphins".