Je ne suis pas tombée dans la marmite de la lecture petite, j'ai tout fait pour l'éviter. J'ai bien lu les grands classique Club des Cinq, Fantomette, Lucky Luke, Astérix et surtout Caroline. Mais pas de quoi devenir une lectrice ravageuse. Ca m'a pris beaucoup plus tard et je me souviens encore de ce plaisir et de ce déclic. Depuis, la découverte des blogs et blogeurs(ses) mes lectures ont évoluées et le plaisir de partager n'est pas pour me déplaire. La bande dessinée est restée un intemporel pour moi. Sinon j'ai mes périodes romans, classiques, voyages, lectures françaises ou étrangères et c'est selon le moment et l'inspiration. Quelques billets sur des sorties viennent de temps en temps alimenter le blog. Ouvert depuis mars 2011 mon blog a quelques fois végété. C'est d'ailleurs le cas depuis fin 2015. Remotivée, je le relance et le dépoussière un peu. Pour commencer je ne suis plus Loo mais Milou et d'ici quelques temps je verrai pour la suite.
Un week-end à Tchernobyl d'Emmanuel Lepage
Editions Futuropolis 2012
164 pages
Bd
Le mot Tchernobyl fait parti, en ce qui me concerne, des mots qui me font dévier de ma trajectoire lorsque je suis en train de choisir un livre. A mon grand bonheur, j'avais lu sur un blog (je ne me souviens plus lequel) un avis très positif et intéressant sur ce livre avec de belles images en démonstration. Et donc pour une fois lorsque j'ai trouvé ce livre à la bibliothèque il m'a semblé incontournable de le lire.
Emmanuel Lepage,dessinateur, scénariste et coloriste de bande dessinée se prépare à un séjour à Tchernobyl avec d'autres artistes pour le compte d'une association. Le but est d'y réaliser un témoignage différent de ce qui se fait habituellement sur la vie 20 ans après la catastrophe nucléaire.
"Dans ce métier, seul à gratter sur ma planche, j'ai souvent l'impression de voir le monde à travers une vitre. D'être à côté. Cette fois-ci, le monde , je le sentirai dans ma peau ! Bien sûr, c'était risqué... mais tellement excitant ! J'allais découvrir des terres interdites où rôde la mort."
Bien sur ce genre de voyage ne se fait pas à la légère. Pendant les préparatifs il y a les interrogations, les angoisses. De surcroît E. Lepage subit la crampe de l'écrivain. Puis c'est le départ et tout le groupe se retrouve dans un petit village à quelques kilomètres de la catastrophe. Et là où il pensait y trouver un paysage dévasté il y trouve une nature ayant repris sa place. De l'homme il ne reste plus que des vestiges, des maisons abandonnés, une ville déserte. Tout est resté sur place puisque tout est contaminé. La végétation et les animaux sauvages se retrouvent libres à vivre comme bon leur semblent.
"Ce que j'ai face à moi, ce que je dessine n'est pas la vérité ! je ne vois pas le désastre, mais une explosion de couleurs resplendissantes. Seul le compteur me dit "c'est contaminé, ne reste pas là ! Comment dessiner l'invisible ? J'avais imaginé dessiner des forêts noires, des arbres tordus, décharnés étranges ou monstrueux...J'avais mes craies noires, mes encres sombres, mes fusains... mais la couleur s'impose à moi."
E. Lepage va aussi faire beaucoup de rencontres . Des gens qui ont vécu la catastrophes et ont contribué au nettoyage de la zone. Dans ces rencontres il y a l'accueil des habitants, leur sourires, leurs rires et notamment ceux des enfants, de bonnes soirées. Ces rencontres semblent apporter beaucoup à l'auteur très sensible à ce qu'il vit depuis son arrivée.
Cette sensibilité se ressent dans la construction de l'album renforcé par les images tantôt au fusain tantôt en couleur. Un voyage quelque peu destabilisant tout comme le fut la lecture. Un témoignage personnel assez touchant.
Très belle découverte !