Le Grand Feu de Jeanne Bourin
Editions Folio 1988 (1985)
597 pages
roman historique XIIe siècle
Lors d'un incendie dans le château de Fréteval Isambour jeune brodeuse sur toile est sauvée par Bernold jeune maître ouvrier. Ils tombent amoureux mais comme Isambour est promise à un autre, Bernold n'hésite pas à l'enlever pour l'épouser. Ils vont s'aimer pendant des années avec à leur côté plusieurs enfants. Installés dans les alentours de Blois, Bernold s'est installé pour son propre compte.
Leur amour va pourtant être mis à mal et s'est une autre vie que va connaître Isambour avec des épreuves assez difficiles à surmonter mais qui lui forgeront une certaine force de caractère.
Toute cette histoire se déroule au moyen âge au XIIe siècle. Le roman est riche en connaissances de cette époque dans différents domaines et de plus très bien amenées dans l'histoire. Toute la vie quotidienne y est donc bien dépeinte à travers les différents métiers, la mentalité, la médecine, les repas, la vie de famille et bien d'autres thèmes encore avec bien entendu la Grande Histoire en toile de fond.
En guise d'exemple nous est donc expliqué l'utilisation des plantes pour soigner tous les maux, l'organisation pour assurer les vivres de toute une famille durant une année, la place qu'occupe la religion dans le quotidien que ce soit les petits comme les grands événements avec en parallèle les pratiques utilisées il y a encore peu de temps.
Et puis c'est aussi une époque où un grand développement des villes mais aussi des villages se produit. L'arrivée d'Adèle Adèle la fille de Guillaume le Conquérant et épouse du comte de Blois apporte également beaucoup de changement dans les moeurs. Comme annoncé dans la quatrième de couverture c'est tout un monde en mutation qui se déroule dans ces pages.
Pendant une bonne partie de ce roman je ne me suis pas beaucoup attachée aux personnages. Peut-être cela est-il dû au fait que l'on fait un bond de quinze ans après une centaine de pages qui nous permettent à peine de faire leur connaissance. Je les ais regardé comme témoins d'une époque avant de pouvoir tout de même m'y attacher un peu. Le personnage d'Isambour ne m'a pas beaucoup intéressé au départ mais avec les années, les épreuves et sa ligne de conduite qu'elle tient à suivre tout le long m'ont poussés à porter un autre regard sur elle.
Un roman histoire qui est loin de me déplaire par sa construction et sa richesse. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la description des repas et de leur préparation. De quoi avoir les papilles qui s'affolent.
Extraits :
"Il lui fallait, comme d'habitude, surveiller la cuisson du pain, la fabrication du beurre et des fromages faits avec le lait de ses vaches ou de ses brebis, mais en plus, présider à la salaison des poissons, des quartiers de viande, du lard qu'on ne fumait pas sous le manteau de la cheminée. Elle aidait à la confection du boudin, des saucisses, des cervelas, des rillettes, des pâtés, qui nourriraient, avec le gibier et la volaille comme appoint, toute la maisonnée durant la mauvaise saison".
"Dans un autre four de travail à température à peine plus basse, Gerbaut-le-mainé, de son côté, à l'aide d'une tige creuse de métal, cueillait le verre en fusion. Il portait ensuite ce tube à ses lèvres, puis soufflait légèrement avant de l'éloigner pour le tenir contre sa joue, car il ne fallait pas attirer de flammes dans sa bouche".
"La diposition de leur demeure était semblable, en plus modeste, à celle du donjon du baron. Deux pièces la composaient,. Au-dessus du rez-de-chaussée qui servait de réserve à vivres, la salle. On y pénétrait par une rampe mobile, escamotable en cas de danger. Au second, la chambre haute, où tout le monde couchait. Des courtines pendues entre es lites les séparaient les uns des autres".