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11 avril 2019 4 11 /04 /avril /2019 04:00
Petit éloge de l'incompétence - Michel Claessens

Petit éloge de l'incompétence
Michel Claessens
Essais 2013

Quand je suis tombée par hasard sur le titre ça m'a bien fait sourire. Quand j'ai vu la photo qui l'accompagne j'ai souris davantage. Je ne vous raconte même pas  lorsque ça fit écho dans mon esprit, car des exemples d'incompétence j'en avais une longue liste (dont les miennes). Petite minute de médisance.

Ce premier réflexe passé, je restais perplexe devant le sujet qui en plus fait l'objet d'un livre. Cela n'a pas manqué piquer ma curiosité et bien m'en a pris. Par contre ce que j'ai regretté une fois le livre fini c'est de ne pas avoir mieux pris mes notes pendant la lecture. Je me suis contentée de souligner (beaucoup) et je m'en mord les doigts maintenant qu'il faut restituer.

Michel Caessens est un scientifique - pour en savoir plus -. Il travaille actuellement pour le programme Iter - pour en savoir plus - le réacteur international et expérimental de fusion nucléaire en construction à Saint-Paul-lez-Durance. Il est l'auteur de divers essais. Avec ses connaissance et son expérience il porte un regard assez intéressant sur le sujet de l'incompétence.

Pour l'auteur, l'incompétence est la première de nos compétences. Voilà qui est rassurant quand on pense à toutes les situations où l'on s'est trouvé au pied du mur à devoir prendre une décision ou agir sans connaître parfaitement le sujet.

Cette incompétence, il l'explique d'ailleurs assez bien car dans la société technoscientifique où l'on vit, il n'est pas possible de ne pas être incompétent. 

Comment s'adapter au fait que pratiquement toutes les activités humaines sont désormais encadrées, au propre et au figuré, par des outils (informatiques) que nous ne maîtrisons et ne comprenons que partiellement ? Comment faire évoluer l'éducation et la formation pour tenir compte des situations éminemment plus complexes que nous rencontrons dans la vie réelle ? 

Mais aussi :

L'un des grands non-dits de notre société est précisément le fait que la compétence que notre civilisation ne cesse de construire n'arrive pas à réduire cette incompétence au néant.

 

Fini donc la compétence bien délimitée. Fini donc la transmission de génération en génération d'un savoir. D'une maitrise de notre environnement, de ses dangers, les gestes précis  d'un métier. Pour aboutir à une décision, l'interaction et l'implication entre différentes compétences s'impose.

L'auteur ne manque pas d'exemples tous aussi intéressants les uns que les autres. Pour n'en citer qu'un :

Le crach du vol Air France 447  Paris-Rio en juin 2009. Plutôt que d'accuser l'équipage de ne pas avoir été à a hauteur, l'expertise a mis en avant un "pêché de compétence". Et je cite : Entouré d'un luxe de technologie et rassuré par de nombreuses missions réussies, les pilotes ont cru jusqu'au bout pouvoir redresser la situation. La compétence est désormais subjuguée à la technologie, qui évolue sans cesse."

 

En même temps l'auteur évoque les changements et l'évolution de notre société :

L'implication des citoyens aux décisions, l'éducation qui tend plus vers les acquis de compétence que sur les savoirs. Il aborde aussi la position du politique et l'évolution de nos carrières. 

Notre monde évolue et bien entendu, il y a du bon et du moins bon. Je trouve que l'exposé qu'en fait l'auteur apporte un bon éclairage et permet de mieux en prendre conscience et mieux l'appréhender. Un livre à lire et relire, tout à fait accessible et bien construit.

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27 octobre 2011 4 27 /10 /octobre /2011 17:10

 

  Lecture offert par les éditions Ginko en partenariat avec le forum Partage Lecture que je remercie.

 

  Léodine l'Africaine

 Auteur : Albert Russo

 Editions Ginko

 205 pages

 

 Ce livre raconte l'enfance et l'adolescnce de Léodine, fille
 de colons,

 Née au Congo Belge au lendemain de la Seconde Guerre
 mondiale, elle apprend adolescente que dans ses veines
 coule du sang noir, celui de son arrière grand-mère,
 esclave en Louisiane.

 Celà va changer sa perception du monde.

 Mais peut-on chager "qui l'on est" ?

 

Albert Russo est l'écrivain par excellence du métissage. Nous allons du Noir au Blanc, de l'homme à la femme, de l'Afrique à l'Amérique du Nord. Il nous fait réfléchir sur nos origines.

 

La description qu'il fait du Rwanda et de la région des Grands Lacs incite à la réflexion.

Nous la connaissons surtout aujourd'hui pour les massacres qui ont eu lieu entre Hutus et tutsis.

 

Russo nous parle d'un paradis perdu, là où nous nous souvenons de l'enfer. Toute la beauté du Congo dans un tourbillon d'odeurs, de jeux de lumière, de sensualités qui vous entraïnent avec une force incompréhensible pour celui qui n'a jamais foulé le continent africain.

 

Avec Léodine l'Africaine, Albert Russo revient sur le terrain de son enfance et nous livre une très belle réflexion sur l'Afrique des années 50 et sur le sens des origines.

 

 

A moi la parole :

 

Comme beaucoup d’autres histoires se déroulant sur la terre d’Afrique j’y ai trouvé un récit nostalgique. Nostalgique des paysages, décrits magnifiquement, mais aussi des relations tissées au fil du temps ; ce qui laissent entendre un temps révolu.

Léodine nous retrace l’histoire de sa famille, tout du moins ce qu’elle en connaît au début de l’histoire depuis ses grands-parents. Le contexte historique qui est d’ailleurs fort intéressant vient compléter l’histoire personnelle des personnages et des lieux.

Le rythme m’a donné l’impression d’une réflexion à voix haute de la narratrice Léodine  à l’âge adulte se souvenant de son enfance et de son adolescence et restant fidèle à la compréhension du monde que l’on a à cet âge.

 

Le voyage entrepris avec ses parents, hormis ce qu’elle subit par une connaissance de la famille, est un excellent témoignage de cette Afrique tant contée avec ses images, ses odeurs, ses contes, son aspect sauvage.

 

Les personnages n’y sont décrits que de façon imprécise telles des silhouettes. La narratrice ne nous en dévoile qu’une partie, le reste est à découvrir entre les lignes ou non dites car Léondine n’en a pas toujours saisi tout le sens.

Tous témoignent des relations qu’il y avait entre noirs et blancs, noirs et noirs, blancs et blancs mais aussi entre celles assez particulières des métisses.

Même si beaucoup de respect existe pour certains envers les noirs, la place et l’estime qui leur sont données en font des êtres considérés inférieurs.

 

Avec sa famille : Bien que les relations soient bonnes et qu’elle y trouve de l’affection, ses origines sont considérées comme un secret de famille qui ne doit en aucun cas être trahit sous peine de perdre ses conditions de femme blanche. Le sujet est d’ailleurs évité. Sa mère et son cousin par qui elle apprend la vérité font en sorte de la rassurer mais en vain.

 

Avec Amélie et Tambwe – employés africains s’occupant de la maison : Léodine les apprécient énormément, leur envie la simplicité qui les caractérise.  Mais l’influence de l’opinion occidentale l’empêche d’établir des relations plus intimes avec eux.

Avec ses camarades de classe  - d’origine occidentale : très difficiles et distantes d’autant plus que Léodine est effrayée à l’idée qu’elles découvrent son secret. Le comportement très médisant de certaines laissera Léondine à ses réflexions qui n’arrive pas à adapter le raisonnement de cette époque sur la seule différence de couleur de peau. Seule Yolande, une métisse, deviendra sa confidente. Une relation que Léodine considère un peu comme une bouée de sauvetage. Elle lui démontrera l’intérêt de ne pas prendre en considération la médisance de chacun afin de se préserver. Léodine sera cependant toujours partagé entre l’envie de devenir réellement amie et celle de couper les ponts avec celle lui rappelant ses réelles origines.

 

Avec Mario-Tendé – frère de Yolande : Un métisse à peau foncée qui ne lui permettra pas de partager la même condition sociale que sa sœur à peau un peu plus claire. Une relation d’amitié s’établit petit à petit entre eux pour devenir une relation un peut plus intime. Léodine l’admire mais n’arrive pas à casser les barrières qui façonnent son raisonnement et l’empêchent de voir les choses autrement.

 

La découverte de ses origines pour Léodine va être très lourde à assumer pour elle. Difficile d’accepter ce sang d’origine africaine qui coule dans ses veines, les a priori  réservés aux métisses, au point de refuser d’avoir elle-même des enfants afin que son secret ne soit pas révélé. La fin se déroule très vite, presque trop vite comme une fuite. Je suis d’ailleurs restée navrée pour Léodine qui visiblement n’a pas eu d’autres solutions.

 

Une lecture plaisante, un beau témoignage, des mots bien choisis pour raconter cette histoire.

 

 

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  • : Une pause livre
  • : Je ne suis pas tombée dans la marmite de la lecture petite, j'ai tout fait pour l'éviter. J'ai bien lu les grands classique Club des Cinq, Fantomette, Lucky Luke, Astérix et surtout Caroline. Mais pas de quoi devenir une lectrice ravageuse. Ca m'a pris beaucoup plus tard et je me souviens encore de ce plaisir et de ce déclic. Depuis, la découverte des blogs et blogeurs(ses) mes lectures ont évoluées et le plaisir de partager n'est pas pour me déplaire. La bande dessinée est restée un intemporel pour moi. Sinon j'ai mes périodes romans, classiques, voyages, lectures françaises ou étrangères et c'est selon le moment et l'inspiration. Quelques billets sur des sorties viennent de temps en temps alimenter le blog. Ouvert depuis mars 2011 mon blog a quelques fois végété. C'est d'ailleurs le cas depuis fin 2015. Remotivée, je le relance et le dépoussière un peu. Pour commencer je ne suis plus Loo mais Milou et d'ici quelques temps je verrai pour la suite.
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