Une pause livre
La propriété
De Rutu Modan
Bande dessinée 2013
Traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech
J'aime bien les histoires de Rutu Modan. J'avais déjà lu Exit Wounds. Ce sont des histoires fortes abordées finement et avec habileté et simplicité. Les personnages qu'elle met en scène sont attachants parce qu'ils sont humains avec leur bon côté et leur mauvais.
L'histoire ici porte sur la mémoire juive avec un retour en Pologne d'une femme d'un certain âge, Régina Ségal. Son fils vient de mourir. C'est donc accompagnée de sa petite fille Mica qu'elle entreprend son voyage pour récupérer un immeuble dont ses parents ont été dépossédés pendant la guerre. L'arrivée à Varsovie n'est pas si simple pour Régina. Les souvenirs refont surface sans ménagement. Il y a les souvenirs commun et ceux plus personnels. Et comme ces derniers n'ont pas été partagé avec la famille, beaucoup de situations vont créer des malentendus entre Régina et Mica. D'autant plus que chacune a une personnalité bien affirmée.
On visite donc la ville de Varsovie avec son présent, son avenir et aussi son passé. Les dessins donnent énormément de vie aux personnages. Je me suis beaucoup amusée à voir l'expression de leur visage. Leur étonnement, leur joie, leur colère sont tellement bien rendus. J'ai aimé cette histoire, l'enchainement des événements, les sous-entendu, la complicité des personnages.
Le fils du Yéti
De Didier Tronchet
Editions Casterman 2014
196 pages
BD
Ca commence par un incendie dans l'appartement du dessus. Le seul réflexe de Didier, puisqu'il s'agit en quelque sorte d'une autobiographie, est de sauver ses albums photos.
Didier mène une vie bien rangée et calme. Mais à partir d'une photo, il entreprend de se pencher sur son passé, ses souvenirs d'enfance, l'histoire de sa famille. Va suivre alors une histoire un peu nostalgique mais bien amenée où beaucoup de souvenirs vont faire écho. Tout ça va lui permettre de démêler certains rapports avec les membres de sa famille mais notamment avec son père et puis son neveu.
J'aime beaucoup la façon de raconter les histoires de Didier Tronchet. Il y a de la pudeur, de la sincérité et une dose d'auto dérision. Ses dessins sont vivants et donnent ou ont du relief (je n'arrive pas bien à déterminer) dans l'histoire. J'y est trouvé certains points commun avec le précédent album que j'ai lu (Vertiges de Quito). Je ris beaucoup quand je lis cet auteur que je découvre petit à petit. Et puis il y a l'explication tout à la fin de ce titre un peu surprenant.
Les Icariades
De Termens & Efa
Editions Paquet
154 pages
Bande dessinée
Les dessins et les couleurs m'ont attirés. La présentation de l'histoire sur la quatrième de couverture m'a donné un peu plus envie de lire. Mais même si le démarrage m'a plutôt intéressée j'ai fini par décroché.
L'héroïne de l'histoire va sauver la vie d'un aviateur venue de contrées lointaines. Elle vit dans une tribu de nomades. Leur mode de vie est très proche de la nature, du vivant et du Grand-Cavalier Guide, sorte de dieux. Mais chez eux aussi la guerre s'invite. Des alliances se tissent. L'arrivée de l'aviateur n'est pas toujours vu d'un bon œil.
Donc comme je disais, le début de cette histoire m'a bien parlé au début. Puis au fur et mesure j'ai fini par décroché. J'ai trouvé que cela devenait un peu confus. J'ai même trouvé que quelques fois l'enchainement des images n'étaient pas très parlant par rapport à ce qui se disaient. Voire peu convainque entre l'image et la bulle.
Est-ce moi qui n'était pas au rendez-vous. Je ne sais pas. Dommage car il y avait de quoi en faire une bonne bd.
Groenland Vertigo
Tanquerelle
Bande dessinée 2017
Je commence par la 4ème de couverture : Invité à participer à une expédition danoise au Nord-Est du Groenland, Georges Benoît-Jean, dessinateur maladroit et angoissé, va devoir s'adapter aux situations les plus rocambolesques. Attention, le vertigo arctique n'est jamais bien loin !
Une comédie d'aventure inspirée de faits réels qui rappelle autant la fantaisie des Racontars de Jorn Riel que l'intemporalité d'Hergé.
Bien que le Groenland m'est paru plutôt en toile de fond, c'est un voyage ou aventure qui m'a beaucoup plu. Georges est bien un maladroit et un stressé de la vie. Mais c'est ce qui lui fait son charme. Et les occasions ne manqueront dans ce périple pour le ridiculiser. Les personnages qui l'accompagnent ont un tempérament bien trempé ce qui fait souvent contre poids.
Le but de l'expédition est de réunir des artistes et des scientifiques sur une goélette pour l'installation dans les fjords d'une oeuvre monumentale. Malgré ses angoisses incessantes, Georges se voit déjà écrire une belle bd de cette aventure. Il fait connaissance avec tout le groupe et le voilà embarquée sur l'Aurora. Il se rend vite compte que son voyage ne sera pas de tout repos. Jorn , l'écrivain voyageur va entraîner Georges dans des chemins de traverse. Avec lui se sera l'aventure dans l'aventure. Mémorable scène avec le whisky !
L'artiste Kloster est un vrai parano. Il ne m'a pas vraiment plu mais je reconnais qu'il a mis du sel dans
C'est donc surtout avec les personnages de Georges et Jorn, leur personnalité et les évènements qu'ils vont vivre qui m'ont fait passé un très bon moment lecture. Les autres personnages ont aussi leur intérêt. Les situations sont bien amenées donnant une impression assez vivante du moment.
Une bd qui mérite bien d'être lue.
Jamais
Bruno Duhamel
Bande dessinée 2018
Ce que je retiendrai de cette bande dessinée c'est le tempérament de Madeleine. Un tempérament bien trempé.
Ce petit bout de femme vit en Normandie près d'une falaise. D'ailleurs elle y vit de plus en plus près car cette falaise est grignoté par le vent et la mer. La catastrophe n'est pas bien loin mais Madeleine résiste. Elle ne veut pas quitter sa maison. Elle en fait voir de toutes les couleurs, elle qui est aveugle, à toute personne tentant de la dissuader. Ce qu'elle veut c'est rester chez elle avec ses souvenirs et son chat.
Une bande dessinée d'actualité racontée avec humour et humanité. Mais même si j'ai trouvé Madeleine attachante c'est pour le chat que je me suis inquiétée en fermant le livre.
Loin d'être parfait
Bande dessinée 2008
Quatrième de couverture : Ben Tanaka a des problèmes. Non seulement il est cynique, sarcastique et insensible, mais en plus sa relation avec sa copine se passe mal. Miko Hayashi lui reproche d'être attiré par les femmes blanches parce que justement, il est asiatique. Souffre-t-il d'un complexe sexuel ? Voit-il dans la figure nord-américaine typique le moyen de s'intégrer socialement ?
Pendant que Ben reste en Californie, Miko s'enfuit à New-York. Leur histoire s'inscrit dans l'Amérique multiraciale et borderline d'aujourd'hui. Un pays imparfait, tout comme eux.
Et malgré d'excellentes critiques je n'ai pas apprécier plus que ça cette bande dessinée. Ben subit sa vie et est d'une nature déprimante. Peut-être y avait-il un message a passer dans cette bande dessinée. Je n'y ai trouvé que des dialogues qui tournent autour du même sujet. Ben et Miko sont d'origine asiatique. Leur couple ne respire pas le bonheur. Mais quel est vraiment le problème ? Parce qu'ils ont des origines asiatiques et que Ben est attiré par les blanches ? Parce que Miko va le tromper avec un blanc ? Tout ceci entrecoupé par la meilleure amie de Ben, prénommée Alice, d'origine asiatique également, et lesbienne. Elle s'assume pleinement, cumule les conquêtes mais ne sait pas comment aborder sa situation avec sa famille. Elle veut aider Ben à voir la vie du bon côté mais en vain.
Tout est présenté comme un problème. C'est ennuyant. A croire que la vie de Ben se résume au rejet et à la prise de tête. Je n'aimerai pas le rencontrer dans la vie.
Les thèmes du couple, de la double culture, du problème de personnalité ou d'identité, l'homosexualité auraient pu être intéressants. Je n'ai pas aimé comme l'auteur nous les présentent. . Seuls les dessins m'ont plu car très expressifs.
Tant pis
L'empoisonneuse
De Peer Meter & Barbara Yelin
Traduit de l'allemand par Paul Derouet
Bande dessinée 2010
Bande dessinée tirée d'une histoire vraie qui s'est déroulée Brême au début du 19ème siècle. L'histoire d'une empoisonneuse qui a tuée ses propres enfants, ses deux maris, son fiancé, des amis, d'autres enfants. Pas très emballant soit. C'est d'ailleurs une histoire qui ne m'a pas vraiment passionnée mais que j'ai trouvé tout de même assez bien amené. Pour cela elle met également en scène une jeune femme envoyée dans cette ville pour y rédiger un guide de voyage.
Cette jeune femme va se retrouver dans une ambiance agitée à la veille de l'exécution de Gesche Margarethe Gottfried. A tous les coins de rue il n'est question que de l'empoisonneuse. La jeune fille dont on ne connaitra jamais son nom, ou alors j'ai loupé quelque chose, se verra questionnée, sermonnée par les âmes bien pensante de la ville. A cette époque une jeune fille seule n'est pas bien vue et en plus elle écrit. Elle essuiera quelques piques bien misogynes qui non prises au premier degré feraient presque rire. Mais pour elle il y a une chose qui lui parait évidente. L'empoisonneuse est une femme qui aurait du être vu par un psychiatre et visiblement toutes les personnes qui ont instruit cette affaire ne veulent pas perdre la face en reconnaissant cette évidence. Cela nuirait à leur responsabilité.
Le scénario est assez bien construit, les dessins aux fusains m'ont plutôt plus même si je les ai trouvés un peu sombres. Mais le tout finalement reflète assez bien une époque et les expressions des visages bien rendus. Le travail de Peer Meter et Barbara Yelin est bien fourni pour relater cette histoire assez sombre bien que l'on ne rentre pas beaucoup dans la personnalité de Geshe. C'est d'ailleurs peut-être à cause de cette froideur que j'ai préférée me sentir plutôt en retrait. Mais l'histoire mérite tout de même d'être lu pour le côté historique et les dessins.
Chronique de la fruitière
Voyage au pays du Comté
De Fred Bernard
Bande dessinée 2016
Je ne résiste jamais à ce genre de bande dessinée. Ca me parle, c'est vivant et intéressant.
Fred Bernard que j'ai eu aussi le plaisir de découvrir, nous entraîne à travers la région du Jura pour découvrir la fabrication du Comté, fromage artisanal, fabriquée en fruitière, affiné en cave et qui fait un pied de nez à l'industrie.
L'histoire du Comté c'est une belle aventure que nous propose Fred Bernard avec ses dessins faussement enfantins et toujours avec justesse. Parfois les bulles prennent beaucoup de place. C'est sur, il y a beaucoup à dire, le sujet est riche. Si besoin l'auteur passent par des schémas pour bien éclairer le lecteur novice. Fred Bernard nous accompagne en tant que personnage dans sa bd. Il part à la rencontre de professionnels. Mais le terme de passionnés et surement plus approprié. Ces gens sont fiers de leur métier et soucieux de la qualité qu'ils doivent y apporter. Ils sont éleveurs, laitiers, fromagers, crémiers, ramasseurs de lait. Ils se sentent dépendants du travail des autres pour réussir le produit fini. Chaque métier, chaque activité est un art. Gare à l'erreur ou à la mauvaise saison.
On apprend les herbes et fleurs qui compose le repas d'une vache laitière pour qu'elle donne le bon lait comme la fétuque des prés, la brize intermédiaire, la renouée bistord, le myosotis des marais.
On apprend les races des vaches qui sont la Monbéliarde, la Simmetal et la Pie rouge.
Et il y a tant d'autres choses que l'on apprend.
Je me vois maintenant arrivée chez mon crémier, l'œil expert pour choisir mon Conté. J'ai appris à déchiffré les repères affiché sur les meules qui désigne la qualité du fromage.
Un livre alléchant et hautement instructif. On y apprécie le savoir faire et sa transmission.
Opération Copperhead
De Jean Harambat
Bande dessinée 2017
Définition Wikipédia : L'opération Copperhead est une opération de diversion menée par les Britanniques durant la Seconde Guerre mondiale. C'est l'une des nombreuses diversions montées par les Alliés et regroupées sous le nom de code d'opération Fortitude pour cacher le lieu réel du débarquement Allié en Normandie.
Et une fois que l'on a compris de quoi il est question, l'auteur en rajoute encore une peu : Dans les pages qui suivent, tout n'est pas entièrement vrai, mais tout n'est pas entièrement faux"
Et le démarrage de cette bd m'a un peu surpris car n'ayant pas pris la pleine mesure du sujet (je n'est regardé la définition qu'en cours de lecture) je n'arrivais pas à faire la liaison entre les acteurs à l'écran et dans la vrai vie, la guerre et l'histoire de contre espionnage.
L'Angleterre, à l'initiative de Churchill utilise le cinéma pour faire de la propagande et tromper l'ennemi en créant une diversion. Elle va donc faire appel aux acteurs tels David Niven (Mort sur le Nil) ainsi que Peter Ustinov, tous deux servant sous les drapeaux. Mais elle aura également besoin d'un sosie, celui du Général Montgomery. C'est vers l'acteur de théâtre James Clifton qu'elle se tourne.
Les choses ne se dérouleront pas si facilement. Tout d'abord James Clifton, a une personnalité bien différente de Montgomery, il manque totalement de confiance en lui et à une grande attirance pour la bouteille.
L'histoire nous est racontée par séquence avec quelques passages d'autobiographie des acteurs. J'ai trouvé une certaine originalité dans la façon de la raconter en mélangeant les scènes de film, le travail sur l'opération Copperhead, les virées noctures des personnages entre autres. J'ai trouvé le texte pas toujours très poussé et du coup il ne donne pas suffisamment de pep's aux images bien qu'il y ait quelques situations assez bien tournées qui m'ont fait bien rire. Mais ne restons pas sur une image négative. Elle mérite bien d'être lue.
Lecture commune pour mai
avec AGirl et Keisha :