Mille milliards de pars de Michel Gardère
Editions Terres de France
Presse de la Cité
354 pages
Extrait de la quatrième de couverture :
La France pour seul recours. Au XIXe siècle, trois hommes se rendent de Perse jusqu'à Paris, deux cent cinquante jours de marche, pour sauver les leurs de la misère et de l'esclavage.
"Une puissante leçon de vie, de folie humaine, d'amitié et de courage."
Extrait de l'introduction : "Aussi surprenante et invraisemblable qu'elle puisse apparaître au fil des pages, l'histoire qui suit est rigoureusement authentique. On trouve encore des traces de cette formidable aventure à Paris, à Lyon, dans le Sud-Ouest, en Iran, en Arménie et même en Russie. Autour de Khosrew Abad, au coeur de l'ancien Kurdistan, perse au moment des faits, iranien aujourd'hui, le souvenir de ces héros, pourtant catholiques dans un territoire rès islamisé, reste, sinon vivace, cu moins connu par quelques-uns."
Parce que leur tsar a perdu une guerre et qu'il en fait subir les conséquences à son peuple, un village se retrouve endetté et sans grand espoir de pouvoir un jour s'en sortir.C'est alors que les villageois demandent à Chahèn, le grand sage de se rendre en France pour demander puisqu'il connaît un français qui lui avait promis son aide si l'occasion se présentait.
Pour entreprendre ce voyage, Chahèn qui sera le meneur choisi deux compagnons. Il y a Bartev le grand costaud, un peu simplet certes mais doté d'une force incroyable et toujours d'humeur infantile et puis Gaïdzag, très agile, malin et aussi à l'occasion voleur. Chacun ayant des compétences bien distinctes, il formeront un trio très complémentaire sur ce long chemin semé d'embûches.
Rythmé par les péripéties et contraintes, le voyage est laborieux. Et malgré toutes ces difficultés, les trois compagnons feront de magnifiques rencontres, partageant une partie du chemin ou bien un repas avec des gens bien différents à chaque étape. Mais plus ils avanceront et plus ils étonneront eux aussi par leur accoutrement, leur langue, leurs manières.
Le voyage semble long, pénible mais beau tout à la fois.
Le vieux sage ne perdra aucune occasion pour s'en prendre à Dieu à chaque occasion qui se présente. Lui pourtant si croyant et respectueux de sa religion. Les deux plus jeunes seront à la bonne école avec qui leur apprendra toujours quelque chose des lieux qui les entourent. Et chacun en fera l'usage à sa façon.
Les paysages qu'ils traverseront sont magnifiquement décrits, on se léche les babines aux succulents repas qu'ils se font. Le livre ne manque pas non plus de descriptions historiques très intéressantes.
Si l'histoire date du XIXe siècle, l'auteur ne se gêne pas d'utiliser son propre langage pour nous en faire le récit. Cela m'a beaucoup amusé d'ailleurs d'associé des " " avec le périple de ses trois perses. Il me semblé d'ailleurs écouter ce récit pendant une veillée près d'un grand feu de cheminée. Une histoire qui m'a happée dès le début.
L'auteur nous livre en fin d'ouvrage comment cette histoire lui est parvenue, le cheminement qu'il a suivi avec ses recherches, enquêtes et enfin l'écriture de ce magnifique livre. Il s'en ai fallu de peu pour ne jamais la connaître.
"Ce ravissement -ou ce transport- qu'il éprouvait chaque fois qu'il venait en territoire arménien l'exaltait. La terre parle au sang, songeait-il. La végétation provoquait également chez lui félicité et extase. Ainsi, bordant la route, des vergers d'abricotiers et de pêchers aux bourgeons naissants lui rappelaient sa jeunesse à jamais envolée, sa grand-mère si câline qui confectionnait des confitures, son grand-père, rude mais protecteur, qui lui montrait comment cuire un fruit sous les braises afin qu'il soit encore plus sucré, bien plus goûteux, presque miellé."
"Les marchands fréquentent en grand nombre l'Azebaïdjan, car pour aller à Tiflis, en remontant le fleuve Kur sur sa rive droite, nous suivrons la route de la soie, qui est la plus riche du monde. La plus merveilleuse aussi. La plus longue, enfin. Elle existe depuis la période de Jésus. Des légendes assurent même qu'elle existait avant."
"A l'issue de ces agapes farouches, vint le tour incontournable de la tchatcha, une sorte de voldka titrant en général 60° qui, dès lors qu'elle est offerte, apporte une preuve de grande amitié. Cette eau-de-vie n'a ni nez ni goût. Ce qui oblige à en reprendre pour vérifier quelle saveur elle cache réellement derrière cette insipidité apparente. Quand on a trouvé, il est trop tard."
Une lecture qu'il serait bien dommage de se priver.
Prochain livre que je lirai de l'auteur :
Une femme sauvage